lundi 3 février 2014

Cambodge - Battambang

Nous quittons Siem Reap et les temples d'Angkor pour l'ouest du pays, en s’arrêtant dans la ville de Battambang.
L'album photo: lien


Le bus
Nous avons pris un bus de Siem Reap à Battambang. Et nous avons établi un nouveau record de lenteur: 6h pour faire 170km! Soit 28km/h de moyenne (ah oui quand on vous dit lent), on peu faire mieux en mobylette. Il faut dire que le départ de Siem Reap fut bien chaotique, départ de l'hôtel à 6H30 avec un bus qui faisait le tour des hôtels pour ramasser les touristes (on a du faire 3 fois le tour du centre ville, le dernier hôtel devait être à 100m de l'arrêt) puis transfert dans un autre bus, sans vraiment trop savoir si c’était le bon, car le chauffeur répondait toujours "yes" pour toutes les destinations du pays. Puis 30min après, re-arrêt dans une gare routière au sud de la ville et là, on a enfin embarqué dans le bon bus, qui est reparti vers le nord en traversant Siem Reap, à 8H30! L'organisation asiatique! D'ailleurs le GPS sur le téléphone sert bien, il nous permet de voir si nous allons dans la bonne direction, les chauffeurs ne parlant pas anglais.

Les paysages de la campagne sur la route: de grandes plaines et des champs à perte de vue. Quelques montagnes au loin mais c'est très plat, ça change du Vietnam. C'est plus aride aussi, la chaleur et les couleurs jaunes renforcent cette sensation. Pourtant, en regardant bien, on trouve de l'eau un peu partout (marres, fossés...)

Il y a aussi des rizières qui commencent à verdir
Les agriculteurs ont l'air mieux équipés avec des petits tracteurs et des outils motorisés.


Battambang
Le nom de la ville signifie "bâton perdu" (bat=perdu, dabong=bâton) en référence à la légende de « grandfather stick » ou « Ta Dambong », un fermier qui trouva un bâton magique, et s’empara du trône. Cette statue de Ta Dambong est vénérée par les habitants de Battambang, qui lui font régulièrement des offrandes. Sur la photo, une femme relâche des petites colombes, ce qui pourra l'aider à avoir un meilleur karma.


Le cirque de Phare Ponleu Selpak à Battambang

Phare Ponleu Selpak est un centre multi-arts pour les enfants pauvres et défavorisés du Cambodge. Ils ont leur cirque internationalement connu, leur école forme des acrobates et est établie à Battambang.
Leur site web: www.phareps.org
Nous avons assisté à une représentation (au moins chaque lundi et jeudi soir), et leur spectacle fut superbe, avec la troupe des jeunes des acrobates très talentueux nous offrant des numéros impressionnants tout en gardant beaucoup d'humour et de rythme. Nous sommes tombés en admiration devant leur talent, leur sourire et leur énergie.
Leur grande fierté est d'avoir 2 élèves de Phare Ponleu Selpak qui ont intégré l'école internationale du cirque de Montréal, l'une des meilleure au monde.
La scène étant toute petite, on se trouvait tout près des artistes de n'importe quel endroit des gradins.
Numéros d’équilibriste et de contorsionniste


 La contorsionniste qui tire à l'arc avec les pieds
 Équilibriste sur 2 cylindres




 Jongleurs





La troupe des acrobates avec les musiciens de l'orchestre à la fin du show

La campagne environnante de Battambang
Le 2eme jour, nous sommes allés faire un tour dans la campagne au nord de Battambang, vers Aek Phnom, par contre jusqu’à midi car après la chaleur devient écrasante, on avoisine les 40°C. Nous avons traversé quelques villages, vu les fermes, les champs et des animaux. Les maisons semblent équipées de l'électricité pour la lumière, les outils et la TV, par contre pas sûr qu'ils aient l'eau courante. D'ailleurs l'eau potable semble ici un problème surtout pour ces communautés rurales.
 On voit quelques tracteurs pour les travaux des champs

 Toujours beaucoup de chiens, la plupart apprivoisés et très occupés à faire la sieste!
 Les rizières qui commencent à verdir
 Arbres à papayes

 Feuilles de riz qui sèchent au soleil
En route, nous avons reçu beaucoup de "hello", de signes amicaux et de sourires de part des enfants (et aussi des plus grands) que nous croisions. Vraiment touchant cette gentillesse toute naturelle.
 les enfants des villages qui rentrent de l'école (primaire et secondaire)
Suite des visites en campagne:
 riz récolté à sécher (sur les bâches bleues)





Bamboo Train
A 5~10km de Battambang, comme son nom l’indique, c’est un train en bambou. Une fois arrivé sur place, j’ai eu du mal à visualiser la chose, alors que Aude me disait « c’est devant toi, regarde ». Donc voilà le bambou train, on ne peut pas faire plus simple :

2 essieux sont posés sur les rails, celui arrière possède une poulie avec une courroie.

Le plateau de bambou est seulement posé sur les essieux

Enfin un petit moteur essence est posé, et entraîne la courroie. En le faisant coulisser, la courroie se tend, et la puissance est transmise aux roues.


La voie ferrée, ancienne voie désaffectée désormais utilisée pour ce bambou train. C’est pas une LGV !

Le petit voyage offre une vue de la campagne.


Les enfants en train de pêcher des petits mollusques (escargots) pour les vendre au marché.

Comme il n’y a qu’une voie, quand on croise un autre train, il suffit juste d’enlever la voiture des rails, ça prend 1 min à deux personnes.

Après 20~30min de train (on a la sensation d’aller vite, au ras du sol), on s’arrête dans un petit village piège-à-touristes avec souvenirs et boissons fraîches. On pensait que le tour continuait, mais pas du tout, après cet arrêt, on rentre. Donc très déçus, c'est un attrape-touriste. Et l’argent du train ne semble pas profiter aux familles de ce petit village. Le point positif est d’avoir vu les enfants, toujours souriants.







Ancienne maison cambodgienne
Visite d’une des plus vieilles maisons typiquement cambodgiennes, de plus de 100 ans. Construite tout en bois, avec des murs en mortier et des hauts plafonds pour rester le plus frais possible. Elle est bien sûr construite sur pilotis (inondations annuelles), l'étage sert aux chambres, la vie se passe dehors, au rez de chaussé, pour s'abriter du soleil, manger, travailler, faire la sieste... Sa propriétaire est une dame cambodgienne âgée qui parlait français (et très bien). Elle y vit avec toute sa famille.  Elle est l'une des rares survivantes "instruites" de la période d’horreur des Khmer rouges.





Killing cave
Cette grotte qui était un temple a été transformée par les khmers rouges en lieu de torture, où des milliers de gens ont été tués, projetés dans le vide par leurs bourreaux.
Désormais ce lieu est redevenu un petit temple et surtout un mémorial pour les victimes, on y trouve les ossements des personnes exécutés. L’intérêt du site réside dans le témoignage aux visiteurs de cet épisode douloureux du Cambodge, l'ambiance est très pesante en pensant à toute les atrocités qu'ont pu subir le peuple.


Le sommet de la montagne offre une vue de la campagne, avec rizières et villages.


De l’autre côté de la montagne se trouve une autre grotte remplie de millions de chauve-souris. Chaque soir, à la tombée du jour (vers 18h) elles offrent un spectacle surprenant en sortant, créant une colonne noire horizontale. Et ceci dure pratiquement 1h, c’est dire le nombre de chauve-souris présentent.







Notre chauffeur de tuk-tuk nous expliquait qu’il lui arrivait de manger des chauve-souris. Comme nous nous demandions quel goût pouvait avoir la viande, il nous a dit que ça se rapprochait du rat ! … Devant notre interrogation, il a poursuivi en nous expliquant que le goût se rapprochait aussi du chien ! Bref, assez difficile à imaginer...
 

Un peu d’histoire récente : 
La visite de la "killing cave" est l'occasion de regarder de plus près l'histoire du Cambodge. 

Ancien protectorat français intégré à l'Indochine française, le Cambodge a obtenu son indépendance le






Le premier ministre actuel Hun Sen fut placé au pouvoir par le Viêt Nam. C'est un ancien militant khmer rouge, cependant rien n'a prouvé qu'il eu été impliqué dans le génocide. D'autres politiciens actuels sont d'anciens khmer rouges. Il dirige le pays depuis et reste le leader grâce à quatre élections douteuses successives dans ce qui est appelé "un climat de violence politique".  Le principal opposant, Sam Rainsy, est réfugié à Paris depuis 2005.
D'ailleurs les dernières élections datent de juillet 2013, et en parlant avec notre chauffeur de tuk-tuk, il nous a raconté la manipulation des chiffres qu'il y a eu. Il y avait 7 partis à se présenter, mais en fait 6 sont du même bord que celui du premier ministre actuel, donc factices et servant juste à amasser plus de voix. Et donc un seul parti d'opposition qui aurait du gagner le vote par une majorité de voix écrasante, mais à la dernière minute, les chiffres des estimations ont brusquement été inversés et en faveur du pouvoir existant. Cette discussion que noua avons a été vraiment importante pour nous afin de comprendre la situation réelle. Notre guide nous disait que sous ce gouvernement qui se targue à l'étranger d'une croissance de +7% et des progrès du pays, se cache une réalité tout autre .Le peuple veut du changement et que la corruption cesse en particulier la génération 18-35ans, qui représente 60% de la population. Mais quantité de gens ont peur de voter pour l'opposition. Pendant la campagne electorale, le  parti au pouvoir payait les locaux 5$/jour (ce qui représente une somme ici) pour militer, coller des affiches.... Les droits de l'homme sont bafoués, et il décrit la peur qui règne: si tu gêne, on t'élimine, comme ce qui s'est passé récemment avec les ouvriers du textile qui ont manifesté.

Le Cambodge est aujourd'hui confronté à de nombreux problèmes. L’économie est très dépendante de l'aide internationale (en 2001, 1/3 du budget de l'État provenait de donateurs internationaux). Sans parler de la corruption très importante qui règne ici ou le travail des enfants.

De nombreux trafics et un système judiciaire médiocre pénalisent le développement. D'autres problèmes hérités du désastre khmer rouge amputent toujours le développement du pays comme la question des terres (le cadastrage, supprimé par les Khmers Rouge, est encore loin d'être finalisé) ou l'éducation, le système éducatif ayant été complètement détruit par les Khmers rouges (enseignants assassinés, etc.). 
Lors de notre séjour nous avons pu constater que les infrastructures mises à disposition du peuple sont tres insuffisantes. Le réseau routier est tres réduit et en tres mauvais état, pas de trains, carburant tres cher (1€ le litre!!) très peu d'éclairage public (étonnant de marcher en ville dans des rues noires), de gros problème d'accès à l'eau potable avec les problèmes des santé qui en découlent, système sanitaire et de santé insuffisant (mortalité infantile élevée 140/1000), électricité hors de prix (une des plus chère au monde - exclusivement de production thermique) avec seulement 20% des ménages ayant un accès fiable, et des couts très disparates entre villes et campagnes, éducation, les mines antipersonnel enfouies ...etc la liste est longue!

Actuellement, le secteur touristique et le textile (grandes chaînes internationales de prêt-à-porter) sont les principaux pourvoyeurs de devises du pays. Mais il est de plus en plus dénoncé des abus envers les ouvriers dans les usines de vêtements, sous payés et traités comme des esclaves. D’ailleurs la dernière manifestation d’ouvriers du textile en janvier 2014 à fait des victimes, la police ayant ouvert le feu.
 

Nous esperons de tout coeur que les choses vont s'améliorer pour les Cambodgiens qui ne méritent pas cette corruption et cette vie dure. Heureusement de nombreuses ONG, associations et démarches individuelles œuvrent pour aider le Cambodge. Nous avons vu beaucoup de restaurants, d'artisanat et autres qui forment et emploient des jeunes défavorisés pour les aider à sortir de la misère.


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